• ✭✭✭✭✰

    8/10


    L'été meurtrier de Jean Becker





    Synopsis: Une jeune femme nommée Éliane emménage en 1976 dans un village provençale avec son père
    paralysé avec qui elle entretient des rapports très complexes et sa mère avec qui elle est très
    proche. Éliane suscite vite la curiosité étant séduisante et aguicheuse, on lui octroi le surnom
    de "Elle" ou "Celle la", tandis que sa mère se fait surnommée Eva Braun du fait de ses origines
    allemandes.Dans ce même village réside également Florimond, mécanicien et pompier volontaire (d'ou le sur-nom de Pin Pon), il tombera sous son charme,
    les deux finiront ensemble. Éliane sera animée pendant tout le film par un désir ardant de vengeance
    vis à vis du viol de sa mère. Un des supposés violeur étant le père de Pin Pon, elle décide d'élaboré plan pour se venger et fait croire qu'elle est enceinte.
    Les deux se marient, seulement Éliane se rend compte qu'elle s'est trompée, l'histoire finit en drame.

    Ah, L'été meurtrier ! Un Drame qui ne laisse jamais indifférent, aimé ou abhorré, on ne peu pas lui enlever cette petite musique, cette tonalité si particulière que l'on peu percevoir dès le début du film avec la voix off de Pin Pon. Le début du film commence comme un conte, Pin Pon y raconte sa vie d'avant qui semble si monotone et linéaire, "Comme tout les dimanches...", une vie à la campagne avec des filles banales, un quotidien ordinaire, sans passion. Puis arrive cette tornade brune, Pin Pon devient graduellement obsédé par la fameuse "fille d'Eva Braun".  Il va apprendre peu à peu à apprivoiser la très instable Éliane et son caractère orageux, animal. La scène du restaurant est d'ailleurs aussi touchante que déstabilisante, c'est a ce moment là qu'un lien très fort ce crée entre les deux. Florimond est touché par les larmes de la jeune femme qui semble fragile comme une petite fille, il ne la comprend pas, mais c'est certainement pour ça qu'il l'aime. Éliane est singulière, odieuse et adorable en même temps.

    Ce film à pour moi définitivement un charme très français, la musique ne fait qu'un avec le film, les plans sont bien vus, il s'en dégage une atmosphère nostalgique qui participe à faire de ce film un classique. La chanson d'Yves Montand durant le mariage est un très bon choix, comme pour la fin d'ailleurs.  "Tout rêve rime avec s'achève Fini avant qu'il commence, Le temps d'une danse,L'espace d'un refrain. »..."un écho à la solitude infinie de Pin Pon à la fin du film mais aussi à la rapidité cruelle avec laquelle tout s'est détruit. C'est un film agréable à regarder, léger tout en étant grave, on ne l'oublie pas. L'humour y est savoureux tant grâce aux scènes cocasses qu'aux répliques. Les acteurs jouent des rôles auxquels ils correspondent totalement. Le jeu des acteurs est cohérent et réaliste, on retrouve l'ambiance de ses petits villages, avec son lot de mésaventures et de commérages. Le film doit aussi son succès au jeu d'Alain Souchon dans le rôle de Florimond, il y est en effet charmant et très naturel dans son jeu. Il a tout à fait saisit le côté désabusé du personnage, on voit également que l'alchimie Souchon-Adjani fonctionne très bien à l'écran.

    Le jeu d'Isabelle Adjani:

    Isabelle Adjani qui dégage de part sa beauté et sa voix suave une certaine innocence réussit à rentrer dans la peau de se personnage sulfureux, aux antipodes de l'image qu'elle renvoie. Elle excelle dans l'hystérie, dans l'obsession et dans la colère, elle donne du charme à la folie et de l'élégance à l'impertinence. Elle feigne la froideur avec des inflexions qui donnent à sa voix quelque chose de piquant et malicieux. Elle sait faire de sa voix un outil puissant... il en va de même dans Subway, on peut l'entendre lascive et provocante, nerveuse,haut perchée. Pourquoi Isabelle Adjani était un très bon choix pour ce rôle ? Parce que sans une certaine forme d'innocence et de mystère le personnage n'aurait pas eu la même attractivité. Une bad girl androgyne ou trop provocante n'aurait pas pu jouer se rôle, celle-ci aurait été trop premier degré, il faut au personnage d’Éliane une allure fragile qui malgré son excès ne dévoile pas tout tout de suite. Éliane est le feu sous la glace, elle émeut, elle est incomprise, mais il y a toujours une distance ineffable entre elle et les autres. Éliane est d'un côté tout le contraire d'Adjani dans se rapport de froideur qu'elle entretient avec son entourage, mais elle est définitivement Adjani dans sa complexité et son intensité.

    Adjani a su exploiter une facette de se personnage pour en faire le sien et l'apprivoiser, grâce à l'empathie pour laquelle elle fait preuve envers ses personnages. Elle a réussi à surpasser cette image de beauté lisse et fragile pour incarner une insolente, à être quelqu'un d'autre tout en restant elle même, c'est à dire dans la nuance et non pas dans la caricature. Elle semble faire preuve d'autodérision dans ce rôle, elle y est drôle dans son côté un peu garce. Isabelle Adjani a une fois de plus montré la grande actrice qu'elle est en choisissant se rôle risqué et en même temps si beau dans sa démesure, elle y est touchante comme personne.

    Le regard vif d'Isabelle Adjani, et la richesse de ses expressions faciales, en bref, son jeu en images:

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    Quant à l'intrigue:  Si je suis totalement séduite par la forme que prend ce film, je suis un peu plus réservée sur l'intrigue. Je trouve que l'histoire du viol de la mère d’Éliane n'est pas assez aboutie, cet aspect pourtant central n'est pas assez  approfondi, la révélation du père d’Éliane à sa fille est, je trouve, assez incongrue (bien que cette scène soi très belle). J'aurais peu être préféré une autre tournure qui laisse le film aller encore plus loin dans la démesure d’Éliane. Je ne suis pas contre cette idée de vengeance qui va tout à fait à son personnage, on y voit la vison terrible qu’Éliane a des hommes, son intelligence redoutable quand il s'agit de manipuler son monde pour obtenir ce qu'elle veut. L'idée de l'amour intarissable dans le rapport mère-fille est touchante, mais peut-être aurait-elle pu être encore plus présente encore dans l'intrigue.

    Quant à la fin du film, je la trouve intéressante mais la pense un peu précipitée, que ce passe t-il après ce meurtre ? l'idée du meurtre que commet Florimond est une bonne idée, mais qu'advient-il de lui après? Le suspense peut être une bonne chose, mais une fin légèrement plus travaillée aurait été appréciable. En fin de compte, je vois ce film comme une grande histoire d'amour, aimer à la folie sa mère jusqu’à en tomber dans la névrose la plus radicale, aimer sa femme jusqu’à commettre le pire. Un drame qui remplit son rôle puisqu'il joue avec le désespoir et la folie de ses personnages, il laisse triste et songeur. L'été Meurtrier porte assurément bien son nom !

     

    Trois petites notes de musique, Yves Montand: https://www.youtube.com/watch?v=LrVy9Rim7jA

     

    Quelques liens:

     https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89t%C3%A9_meurtrier_%28film%29

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=2102.html

    http://www.imdb.com/title/tt0086655/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Becker

     

     

     

     

     

     

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    7,5/10

    Tout commence avec la colère d'un homme honteux de lui même, pleins de ressentiments et de déception, un homme qui ne ce sent pas à la hauteur, qui veut tout contrôler mais à qui tout échappe. Antoine est écrivain, il se rend à la gare de L'Est pour quitter Solange, mais celle-ci lui coupe l'herbe sous le pied, elle met un terme à cette relation alors qu'elle est en compagnie de son amant.  Antoine, dénué d'imagination et ennuyé par cette nouvelle accepte la proposition incongrue de Jean, son éditeur, se profile donc une histoire de manipulation et de vengeance envers les femmes. Il se met alors à la recherche d'une dactilo pour mettre en œuvre sa vengeance. Si au vu de sa voix enfantine et enjouée Antoine s'imaginait une beauté sublime, celui-ci est tombé sur une jeune femme ordinaire. Il avouera ensuite énergiquement à son éditeur que la jeune femme est pour lui repoussante, mais son éditeur va le convaincre que toute la puissance romanesque de cette histoire réside sur le dégoût qu'il éprouve pour celle-ci. On peut voir au début dans le refus catégorique d'Antoine une forme de complexe de supériorité, Antoine est tellement obsessionnel qu'il s'enferme dans la superficialité, peut-être à t-il peur de lui même et de la manière dont il va se révéler, que ce soit en tant qu'homme ou en tant qu'écrivain. Antoine est dans une vision très idéalisée de la beauté féminine, l'idée d'avoir une aventure avec cette femme qu'il trouve ordinaire lui fait donc violence car elle l'éloigne de la revalorisation qu'un homme peut ressentir auprès d'une femme trophée. 

    Antoine finira par accepter ce défit, mais sous la condition que ce soit Jean qui décide de la manière dont va se dérouler cette romance factice. Il s'amusera très rapidement dans cette relation à bousculer la jeune fille, notamment en rendant visite à celle-ci dans son appartement. Tout en faisant le cuistre, celui-ci va la viser implicitement en parlant des femmes moins jolies qui doivent faire preuve davantage d'imagination car l'homme serait essentiellement optique. N'étant pas bête, Catherine va vite comprendre, et s'agacer, en le mettant gentiment à la porte. Ils vont se revoir plusieurs semaines après, mais Catherine bien qu'avenante restera  mystérieuse sur ce qu'elle ressent pour Antoine. Antoine en apprend plus sur elle lorsqu'il lui demande ou celle-ci en est avec ses amours. Il sera surpris d'apprendre qu'elle n'était pas un cœur brisé mais une briseuse de cœur malgré elle, cet homme, elle la quitté. Catherine n'est donc pas victime, contrairement aux préjugés elle se lasse avant de lasser.

    Catherine va se révéler peu à peu intéressée, coquette et joueuse avec Antoine, la relation va avancer, il découvrira en elle une forme de liberté, La discrète n'est pas si sage...elle conçoit tout à fait le fait qu'il ne faut pas toujours dire la vérité, que "parfois un seul homme ne suffit pas". Celui qui croyait uniquement séduire est séduit, ils finiront par passer une nuit ensemble. Il la découvrira, bien loin de ce qu'il avait imaginé. Elle repartira en train chez sa famille, l'éditeur d'Antoine lui remettra le manuscrit fini de celui-ci "La Discrète", ou elle y apprendra tout le subterfuge en le lisant dans le train. Elle en sera humiliée, blessée par cette plume acide qui la dépeint tel une femme repoussante. La méchanceté de cet homme qu'elle croyait pourtant être un tendre ami laissera un traumatisme indélébile. Elle lui enverra une lettre ou elle met fin à cette relation sans parler de cette histoire, elle lui témoignera de l'amitié. Sa réaction très tempérée témoigne en fait de sa haute moralité malgré ses idées parfois surprenantes. Cette réaction permettra à Antoine de réfléchir et peut être de ne plus être dans le jugement. 

    La fin est très émouvante, même si elle est dans la retenue, sobre et élégante, avec ce fond sonore de piano qui a accompagné tout le film. On y voit justement Antoine, on entend une voix off qui illustre d'ailleurs totalement ce qu'il est entrain de vivre à ce moment précis et ce qu'il a déjà vécu. Le fait de passer à côté de tout,de ne jamais vraiment saisir l'intégralité d'un individu. Antoine qui est brillant, à la recherche de la beauté, est enfermé dans sa vanité et se révèle être, d'une certaine façon, un homme de jugement. Il en souffre et en est puni, il passe à côté du bonheur et a des idées préconçues, Catherine la séduit malgré tout. "Quand on regarde quelqu'un on en voit que la moitié", phrase simple mais sublime, que l'on retient forcément quand on regarde ce film qui s'achève ainsi et qui résume parfaitement celui-ci. Et si certains hommes trop bornés et centrés sur eux mêmes se punissaient tout seul ?

    Le jeu de Fabrice Luchini

    Peut être uns des meilleurs films de Luchini !  Fabrice Luchini joue le rôle d"un homme érudit, profond et cérébral comme dans le rôle d'Octave dans Les nuits de la pleine lune d'Eric Rohmer. Luchini triomphe dans ce rôle d'homme pleins de paradoxes, souvent très fin, élégamment insolent et orgueilleux, cérébral et d'un langage précieux. La diction de Luchini et cette voix si particulière le rend délicieusement méchant et théâtral, Luchini est dans ce genre de rôle, très proche de ce qu'il est, c'est le genre d'acteur qui excelle dans le prolongement de lui même, dans l'auto analyse.

       Luchini grand observateur, avec dans ses mains sa plus grande passion, la littérature.

    La discrète de Christian Vincent

    Luchini maniéré mais élégamment, comme toujours ! Une gestuelle bien à lui qui traduit sa ténacité.

    La discrète de Christian Vincent

     Luchini expressif et hilarant dans l'ironie.

    La discrète de Christian Vincent

     Luchini excessif, mordant dans sa théâtralité et son excès.

    La discrète de Christian Vincent

    Le jeu de Judith Henry:

    Judith Henry est très authentique et naturelle dans ce film, elle y est simple et juste. Elle n'est ni victime ni coupable, son jeu est d'une subtilité totale, son césar est tout à fait mérité ! Sa voix singulière sait très bien s'adapter au personnage, elle sait être coquette, mystérieuse, et mélancolique. Son regard, sa discrétion et sa nonchalance font partie intégrante du personnage. Si sa beauté n'est pas tapageuse, elle se fait plus discrète mais certainement pas absente.

     Judith Henry simple, sans superflus, chaleureuse.

    La discrète de Christian Vincent 

     

    Quand Judith Henry joue la boudeuse mystérieuse...bien plus étonnante qu'on ne le pense !

    La discrète de Christian Vincent

     Judith Henry discrète dans son interprétation de la tristesse.

    La discrète de Christian Vincent

    Judith Henry qui joue la femme qui attend et qui espère, sur son visage, peut être de la lassitude, ou de la mélancolie.

    La discrète de Christian Vincent

    Quelques mots sur le scénario et la réalisation:

    C'est un film très élégant, fin et profond qui n'est pas dans le cliché, les personnages y sont intenses et nuancés. Le film trouve très rapidement son rythme, l'attention est maintenue, la fin est réussie et marquante. Si ce film réunit ces qualités là, on remarque par contre qu'il manque parfois un peu de fantaisie et qu'il est somme toute assez prévisible. Je regrette également que l'humour se fasse trop rare et qu'il soit uniquement centré sur Antoine. Fabrice Luchini est excellent dans l'ironie et sait très bien raconter mais davantage d'humour dans les situations, venant de Catherine ou de son éditeur aurait été intéressant. Pour conclure, un film très intelligent et émouvant mais peut être un peu trop linéaire.

    La bande d'annonce:

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    7.5/10

                 The Misfits (Les Désaxés) 1961      

     Synopsis:

    Roslyn incarnée par Marilyn est conduit par Guido (un mécanicien) au tribunal pour son divorce à Réno, elle est accompagnée par sa logeuse et amie Isabelle.  Ils se retrouvent tous dans un bar y compris l'ami de Guido qui est Cow Boy.  Etant tous dans un désir de renouveau, ils vont décidé d'aller ensemble dans la maison de Guido. Les deux hommes vont tomber sous le charme de Roslyn, il lui demande de passer quelques jours de plus à Reno avant de repartir. Ils vont passer ensemble un certain temps. Gay devra accepter la tristesse constante de Roslyn et son affection pour les animaux. Ensuite viendra le moment ou, Guido et Gay voudront chasser des chevaux sauvages, ayant besoin d'un troisième homme, ils viendront chercher Pierce à un rodéo. Celui-ci se blesse et suscitera l'inquiétude de la très humaine Roslyn. Le lendemain ils iront chasser des chevaux sauvages, ils les attrapent et les relâchent finalement sous les pressions de Roslyn qui ne supportera pas une telle cruauté. Elle décidera rapidement après de partir et de mettre un terme à cette amitié ambiguë.

     Le jeu de Marilyn Monroe:

    Marilyn est excellente dans ce film, "The Misfits" est sans hésiter le meilleur qu'elle est fait. Elle y est si proche de ce qu'elle est réellement. Arthur Miller qui l'a écrit spécialement pour elle à su à travers son regard amoureux lui faire un rôle de composition. On peut y découvrir une Marilyn troublante, intense, avec ce regard mélancolique si beau et émouvant que lui donnait la souffrance et la maturité. Ce film malheureusement très peu connu à l'époque la pourtant montré tel qu'elle était vraiment, profondément humaine et complexe. Marilyn Monroe était une femme brillante qui souffrait de l'image terrible qu'on lui a donné vis à vis de ses rôles et de la ou elle venait. Marilyn était orpheline, elle venait de nul part, elle n'était qu'une blonde futile pour beaucoup. Être intelligente quand on a pas fait d'études ? Jamais ! Jouer des rôles dramatiques quand on à une beauté sensuelle ? Jamais!  Vouloir être une grande actrice quand on est cantonnée à un rôle de blonde stupide? Jamais! Marilyn était victime d'un monde de préjugés, tyrannique, ou seule la réussite concrète avait de l"importance, on avait pas le droit d'avoir du talent mais de ne pas y arriver, d'être bloqué ou de douter de soi, bref un monde de fou, Hollywood qui prenait ses acteurs pour des machines, et Marilyn disait "I'm not a machine !".

    On peut retrouver cette vivacité à l'écran, se besoin impérieux d'aimer et d'être aimer, une peur de l'abandon qui la rend si émouvante aux yeux des spectateurs. Ce que j'aime également chez Marilyn c'est cette capacité à incarner la joie comme la tristesse, avec une exactitude troublante. Marilyn à ce que l'on peut appeler une "Gueule de cinéma", son visage est très expressif, son regard mis-clos à quelque chose de sensuel, très vif, et triste dans le même temps. Elle a comme Adjani une richesse d'expressions faciales qui sait capter l'attention et a fait d'elle une icône. Sa voix inoffensive se fond parfaitement dans le rôle de femme innocente et prisonnière de ses angoisses. Roslyn est elle aussi une femme seule, sans famille, détruite par l'échec. Sa grande fragilité la pousse à s'attacher aux autres, elle a besoin de preuves d'amour car elle est hantée des peurs nombreuses.

     Marilyn pensive, accompagnée mais toujours seule...

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

     Marilyn gracieuse dans sa gestuelle, comme toujours !

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    Marilyn suppliante et touchante dans la détresse.

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    Marilyn et sa joie enfantine qui cache un personnage bien plus complexe.

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

     Le jeu de Clark Gable:

     Clark Gable est lui aussi un acteur né, il est très authentique et a su rentrer dans le personnage de cet homme simple qui est tout le contraire de Roslyn. Ce monument du cinéma qu'est Clark Gable a un charisme incroyable à l'écran, il me fait d'ailleurs beaucoup pensé à Burt Lancaster avec qui il a tourné un film: Run Silent Run Deep.

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a un air entre ces deux... le regard ténébreux, le sourire enjoué, l'élégance...

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

     C'est pour moi définitivement le même genre d'homme, ils crèvent l'écran !

     Clark Gable a je trouve un regard très tendre et bienveillant vis à vis de Marilyn, même si il semble que le tournage est été difficile pour tout le monde, on ressent une belle alchimie.

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    Clark Gable est troublant dans la déception et l'épuisement, sa voix puissante marque ce film triste qui symbolise le déclin de l'âge d'or d'Hollywood et de ses vedettes emblématiques. Clark Gable mourra quelques mois après le tournage, âgé de seulement 59 ans...

    Quelques mots sur la réalisation et le scénario:

    J'ai apprécié la réalisation hollywoodienne et élégante de John Huston, se fond de jazz mélancolique qui accompagne la solitude de Roslyn mais qui laisse espérer quelque chose de positif pour elle. Le choix des acteurs est bon, je n'y ai pas vu de fausse note, Marilyn et Clark Gable sont géniaux. Je trouve Elli Wallach (Guido) drôle en faux veuf éploré et maladroit. Les plans rendent honneur à la grâce de Marilyn ne serait-ce que dans la danse qu'elle a avec Guido, son jeu de jambes est magnifique. La scène ou Marilyn s'abandonne dans une danse triste est sublime. On voit sa solitude, sa grâce, et sa sensualité, la robe qu'elle porte dévoile son dos, cette scène sublime est d'ailleurs très connue. Catherine Deneuve qui est une fan absolue de Marilyn disait que cette scène était troublante car chaque mouvement pouvait être une photo parfaite.

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    The Misfits (Les Désaxés) 1961

    Cette scène me fait penser à un conte, comme si Marilyn était une princesse désespérée qui s’effondrait dans les bois (elle me fait penser à Blanche Neige ou a Cendrillon quand elle pleure et dit: "Je n'y crois plus...". On voit le désespoir, Marilyn est une sorte de Cendrillon, elle venait de nul part, elle renaît de ses cendres.

    De ce film on ne peu pas oublier cette scène ou Marilyn est grandiose.

    Un moment de vérité et d'intensité assez considérable...! Quand Arthur Miller a écrit cette scène il a bien penser à donner à Marilyn l'occasion d'exprimer sa colère. C'est le cri d'une femme qui n'en peu plus d'être réduite, qui est fâchée contre le monde entier. " I will kill you, you are all dead men !", un message caché également destiné aux productions hollywoodiennes ? 

    Je pense sincèrement qu'Arthur Miller a écrit se scénario avec beaucoup d'amour pour Marilyn. Il a vraiment su la comprendre, Sagan disait: "Aimer c'est bien, comprendre c'est mieux", je pense que c'est à peu près réussi. Si il n'a jamais pu réellement comprendre tout ce qu'elle ressentait, il a su voir la belle personne complexe qu'elle était avec une certaine précision. Roslyn est une fille seule, lucide, anxieuse, et profondément humaine...Roselyn est Marilyn. Bien loin de l'image de l'actrice odieuse qui sème la zizanie sur les plateaux.  Roselyn est une femme brisée, sa "folie" dont  les hommes semblent se moquer, est la résultante de la cruauté du monde comme on la souvent dit pour Marilyn. Les hommes pensent qu'elle a tout pour être heureuse, sa beauté est synonyme de joie, mais c'est la femme la plus triste qu'il est rencontré, et ça Arthur Miller la compris. Il a donné le rôle de sa vie à Marilyn, elle a prouvé qu'elle était faite pour être actrice. On est passé d'un éclat, d'une présence, à un talent dramatique pur.

    Je trouve que la scène ou Marilyn et Isabelle arrivent au bar est très belle, élégante, après qu'elle est rencontré les deux hommes, un petit fond de jazz plus joyeux fait son apparition, c'est émouvant et délicat. C'est pour moi un genre de Cinéma qui, bien que parfois très convenu dans son humour et sa réalisation, n'est jamais grossier. L'idée des pièces de puzzle impossible à assembler sur fond de musique tragique est très bien pensée et donne le ton d'un drame classique et efficace.

    Pour finir je dirais que c'est un beau film qui marque malheureusement le déclin de l'âge d'or d'Hollywood,  tout les acteurs sont morts peu de temps après...le tournage était une catastrophe, c'était la fin du couple Monroe/Miller. Ce film bien que beau est très opaque et manque de rebondissements et de surprises, notamment dans la fin. C'est un film dont j'affectionne le genre, élégant et lyrique en quelque sorte. Le titre du film lui correspond parfaitement, des âmes perdues et pour toujours solitaires et mises à l'écart, aucune union n'est possible.

     J'en profite pour remercier mon amie Sonia, si tu passes par là wink2, merci de m'avoir fait redécouvrir cette superbe chanson de Claude Nougaro en hommage à Marilyn:

    Tu m'avais dit que tu trouvais cette chanson très touchante, rassure toi, on est deux !  Marilyn est la première actrice à m'avoir fait aimer le Cinéma, j'ai une tendresse infinie pour elle, et je ne suis heureusement pas la seule.

     La bande d'annonce:

    Le fim "The Misfits" est disponible sur You Tube en VO:

    https://www.youtube.com/watch?v=1lQ7xQfNMmc

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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  • 8/10

    Match Point de Woody Allen (2005)

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Match_Point#Synopsis

    Vous remarquerez que c'est le film le plus récent que j'ai commenté jusqu'ici ! Match Point est un drame délicieusement immoral ou l'importance de la chance et du hasard dans la vie est soulignée avec subtilité.

    "Celui qui a dit je préfère la chance au talent avait un regard pénétrant sur la vie, les gens n'osent pas admettre à tel point la vie dépend de la chance..." le film débute ainsi, sur fond de musique d'opéra, donnant déjà le ton d'un film intensément dramatique et sinueux ou les personnages seront malmenés par leurs fulgurances. Chris et Nola vont tombés amoureux, deux personnages qui se complètent parfaitement, ils viennent de nul part et sont inévitablement attirés l'un par l'autre. Ils sont tout deux déjà engagés dans une relation, Nola est avec Tom et Chris est avec Chloé (la soeur de Tom). Ils baignent dans un univers luxueux aux antipodes de ce qu'ils sont et de ce qu'ils ont vécu. Nola est complexe et sa beauté sensuelle vient troubler la petite vie lisse qui se profile pour Chris. Celui-ci ne peut pas s'empêcher de préférer l'anxieuse Nola à la très équilibrée Chloé. Ce qui était une aventure de passage va se transformer en véritable liaison, pour Chris tout baigne...enfin presque. Il a le confort financier, une femme qui lui fait confiance, et une amante avec qui il a des rapports passionnés.

    Intervient ensuite l'imprévisibilité tragique de l’existence...il en est fini de la plénitude, et tout s'écroule. Nola tombe enceinte, et revendique le droit d'être en couple avec lui. Seulement, derrière le personnage aimant et gentil de Chris se cache un personnage foncièrement égoïste. On voit là toute la médiocrité que l'homme peut parfois révéler face à la frustration, et son manque de maîtrise sur une vie qui est loin d'être écrite à l'avance. Chris épuisé par tout ce danger et par lui même finira commettre l'irréparable. Décision surprenante au vu de l'amour qu'il a eu pour Nola et du fait qu'il n'a rien d'un monstre. La vie n'est pas linéaire, on ne tombe pas amoureux de qui on veut, et quand on croit agir pour son bien et que l'on obéit à ses pulsions, on peut être prisonnier à jamais.La passion est déraison, elle ne fait donc pas bon ménage avec une vie déjà dangereuse dans son instabilité. C'est là que l'on voit la finesse de Woody Allen dans le drame... Chris a perdu la tête, rien de plus humain dans un sens, Il est, tel Oedipe dans la pièce de Sophocle, victime et coupable en même temps. Victime du hasard, de cette vie qui le fragilise par son mystère.

    C'est un film bouleversant, élégant, mais aussi une critique de la superficialité des élites bourgeoises, on a de la chance, ou on en a pas, tout cela est d'une violence ! Les privilégiés le resteront toute leur vie, tandis que ceux qui ont connu l'insécurité en seront victime dans leurs choix et jusqu'au bout. C'est un drame très bien mené et dont la fin fait réfléchir. Les acteurs donnent une belle alchimie à l'écran et ont su rentrer dans leur personnage. Allen à su leur donner une profondeur sans rompre leur mystère. Si je devais faire une analogie avec ce film, je choisirais "La cérémonie" de Claude Chabrol. Pour l'idée du coupable qui est aussi victime et de la fulgurance terrible de la vie. La vie est un jeu, il y a les perdants et les gagnants, les places peuvent s'échanger à tout instant, mais pas pour longtemps, et un mauvais calcul peut être fatal.

    En passant, la lumière sublime magnifiquement la beauté de Scarlett, preuve à l'appui:

    Match Point de Woody Allen (2005)

    Un beau duo!

    Match Point de Woody Allen (2005)

     La bande d'annonce:

     

     

     

     

     

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  • Bande d'annonce:

    8/10

    Synopsis via Wikipédia:

    Johnny Farrell, joueur professionnel, débarque à Buenos Aires, en Argentine. Il se lie d'amitié avec Ballin Mundson, le propriétaire d'un casino, dont il devient l'associé. À l'issue d'un voyage d'affaires, Ballin revient, accompagné de celle qu'il vient d'épouser : l'extraordinaire Gilda. Le hasard, la prédestination, veulent qu'elle soit précisément l'ex-fiancée de Farrell. Ballin, suspectant l'ancienne liaison, confie à Farrell la garde de Gilda. L'ancien amour renaît de ses cendres. Farrell, en proie à la haine, la jalousie, subit l'inversion de sa passion amoureuse. Ballin, quant à lui, assoiffé de pouvoir, prépare l'organisation d'un trust international visant le monopole mondial du commerce d'un métal rare : le tungstène. Il réunit autour de lui un cartel d'hommes d'affaires, organisation secrète dont il est le chef.

    L'amour cependant, la passion qui le lie à Gilda, lui fait commettre les erreurs qui ruinent son plan. Gilda, devenue la veuve de Ballin, épouse Farrell en secondes noces. Ce dernier prend la succession de Ballin à la tête du cartel du tungstène. Il accuse Gilda d'infidélité, et lui reproche de ne pas respecter la mémoire de son défunt mari. Gilda relève le défi de Farrell. Elle provoque Farrell et démontre à tous qu'elle est effectivement cette épouse infidèle qu'il a lui-même épousée. Coup de théâtre, Ballin, que l'on croyait mort, resurgit… Il compte bien reprendre Gilda, et menace d'éliminer Farrell. Ballin est tué in extremis par Oncle Pio, l'employé-philosophe du casino et ange-gardien de Gilda.

    Gilda, un film noir et esthétique comme on n'en fait plus, riche de part ses plans contrastés et la finesse de ses dialogues.Dialogues composés de formules gracieuses au langage soutenu et souvent sarcastiques.

    Gilda de Charles Vidor 1946

    La présence du sympathique employé philosophe donne un peu de fantaisie à ce film sombre. C'est un peu l'ange gardien de Gilda, on ricane à ses remarques culottées faites à Farell qu'il qualifie de paysan, et à son côté babillard, curieux de tout, excédant le bras droit de Mundson. Ce petit phraseur et ses dictons donnent au film un humour certes convenu mais efficace.

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Ce film est également ponctué de musiques entrainantes, avec notamment des chansons chantées par une Gilda à la voix suave et au regard désabusé. Plus mélancolique que la scène ou la belle se trémousse, celle ou elle chante "Put The blame on mame" en jouant de la guitare illustre bien un énième moment d'abandon et de tristesse.

    L'érotisme suggéré correspondant très bien à l'époque fait partie intégrante du charme et du mystère de ce film. Les tourments des personnages prennent place dans deux lieux à l'ambiance symbolique, une demeure à la préciosité austère et un casino, lieu ou règne l'argent, les coups de poker, les faux semblants. Les analyses en voix off de Johnny donnent beaucoup de profondeur à l'intrigue, il faut avouer que c'est une idée très moderne pour l'époque. Ce film traite de toute la complexité des rapports amoureux à travers le désir trop peu comblé d'une femme malmenée par les hommes. Une femme que Mundson tente de posséder intégralement pour s'en faire aimer en lui offrant luxe et dorures, mais qui se laisse emporter par son tempérament fulgurant et superstitieux. Un tempérament et un fatalisme qu'elle semble partager avec Farell qui dira lui même qu'il ne peut s’empêcher d'aller tout droit vers son destin. Deux personnages étrangement semblables, qui se détestent surement eux même avant de se haïr l'un l'autre.

    Gilda est victime de la possessivité et de l'impassibilité terrible de ceux qui l'entourent. Pour Farell Gilda est une une bombe à retardement, une créature dangereusement gourmande, avide de plaisir, prête à sacrifier tout et surtout tout le monde pour son désir. Son apparition se fait tardive et troublante, sous le regard d'un Johnny Farell plus que confus, comme pour mieux annoncer le désastre:

    Gilda et les hommes, en bonne séductrice, celle-ci veut régner dans un monde masculin, mais malheureusement pour elle, c'est bel et bien les hommes qui ont le pouvoir de mort:

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Ce sont eux qui le plus souvent, d'un regard ou d'une phrase blessante, peuvent tourmenter une femme au point de lui faire faire des insomnies.

    Gilda de Charles Vidor 1946

    On ne peut trouver mieux que cette scène mythique pour mettre en lumière cette histoire d'amour-haine. Scène explosive qui marque ce jeu dangereux et sans fin ou les personnages se cherchent et se perdent:

    La misogynie est un des thèmes principaux de ce film ou le personnage féminin se fait pathétique, cherchant désespérément tendresse et attention. Ce qui ne peux également pas nous échappé, c'est l’ambiguïté de l'amitié entre Ballin et Farell. Comme Farell le dit lui même à Ballin, il naît en le rencontrant, pire encore que de s’aliéner, c'est une façon de se donner entièrement jusqu’à s'en oublier. Un thème se rajoute donc encore à se film, plutôt sulfureux pour l'époque, celui de l'homosexualité masculine. Le trio est ainsi explosif et complexe, on a d'ailleurs tendance à se perdre dans les sentiments des personnages, d’où la difficulté à les interpréter. Le mépris de Johnny pousse à bout Gilda, ainsi les deux rentrent dans cet engrenage engendré par la frustration et la colère. Glenn Ford incarne avec talent cet homme obsessionnel et cynique qui tente maladroitement de tout contrôler, réprimant sans relâche des désirs latents. George Macready, alias Ballin Mundson, est d'une élégance naturelle et fascinante. L'acteur à saisit toute la froideur et l'énigme de son personnage d'une rigueur presque obséquieuse.

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946  

    Gilda de Charles Vidor 1946

     Certains voient en cette canne un symbole phallique, à vous de voir. 

    Gilda de Charles Vidor 1946

     

    Gilda de Charles Vidor 1946

     

    Gilda de Charles Vidor 1946

     Bien que le casting soit excellent, c'est sur Rita Hayworth que la grande majorité de notre attention se concentre. Ce film est celui qui a aux yeux du public fait de Hayworth LA femme fatale. Une Rita Hayworth qui à son corps défendant à revêtit une dimension singulièrement obscure. Elle deviendra la Pin Up fétiche des soldats américains, qui iront jusqu’à baptiser "Gilda" une bombe atomique larguée sur l'atoll de Bikini, ce qui horrifiera au plus haut point l’actrice. Un personnage qui semble prémonitoire et qui lui a tellement collé à la peau qu'elle aura tout au long de sa carrière du mal à en sortir. Gilda est la beauté dans tout son excès, trop de minauderies, de maquillage, une féminité exacerbée et irrésistible. Ce rajoute a tout cela une voix au débit rapide et au ton enjoué. Le petit plus de Rita c'est aussi un sourire de petite fille qui contraste avec une sensualité envoûtante de maturité. Ses tenues sophistiquées mettent en valeur son corps sculpturale et participent ainsi à sa légende. Gilda nous séduit en usant du charme de l'intelligence, de la méchanceté et de la beauté. Mais si Gilda se cache souvent derrière des manières bien farouches, on ne se fait pas de doute sur son bon fond. Capricieuse et furieusement provocante certes, mais pas dépourvue d'une âme chaleureuse.

     Ma tenue préférée portée par Gilda:

    Gilda de Charles Vidor 1946

    L'élégance de Gilda en images:

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Magnifique dans cette veste qui plus est:

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

    Gilda de Charles Vidor 1946

     La suite du film prendra ensuite un tournant important, Mundson disparaitra, Farell prendra la tête de ses affaires et épousera Gilda. Si Gilda croit naïvement retrouver une  relation amoureuse authentique avec Farell, Farell remet rapidement les choses au clair, nous laissant deviner une vengeance qui l'épuisera à petit feu. Farell prive Gilda de ce qu'elle aime le plus, s'amuser et séduire, celle-ci demeure alors dans une torture psychologique orchestrée par un homme sourd à ses soupirs. Gilda avouera n'avoir aimé que lui et souffrir de son indifférence et de sa cruauté, Farell ne fléchira pas, en bon borné qu'il est, n'oubliant pas au passage de la pousser avec une répulsion féroce. Il la condamne à la solitude la plus inextricable. Il la châtie en la maintenant hors du monde et de la vie, un comble pour une femme consumée par la fureur de vivre. Gilda quitte une prison pour en retrouver une autre, deux hommes, deux loufoques, un destin qui semble définitivement tourné vers le drame. Celle-ci ne se laisse cependant pas faire, et enchaînera les rencontres avec des hommes qui disparaîtrons immanquablement dans les ténèbres de la ville, éliminés par les hommes de mains de Farell. Un enchaînement de rencontres d'ailleurs remarquablement bien filmé, avec une maîtrise encore une fois d'une grande modernité, qui semble avoir inspiré ce qui succédera quelques années plus tard aux films noirs, les films de gangsters. Gilda chantera avec sensualité toujours "Amado Mio" dont les paroles font écho au film, numéro qui se clôturera par une fondue noire et élégante assombrissant peu à peu la scène. Peu de temps après apparaitra le passage mythique ou notre déesse de l'amour gantée de noir chante "Put the blame on mame":

     En chantant "Put the blame on mame" et en retirant juste un gant Rita Hayworth a réalisé le Strip Tease le plus sexy du Cinéma. Gilda, enivrée par l'alcool, meilleure amie et ennemie d'une femme seule et désaxée, s'abandonne à une danse langoureuse, se donnant en spectacle avec audace devant une foule de soupirants à en devenir, provoquant le courroux de Farell. Sa robe dévoilant une silhouette gracieuse et des épaules de toute beauté. La suggestion, une danse lascive, des courbes qui se dessinent sous le satin..et qui déclenchent la folie des hommes ! Mais l’exubérance tristement festive de celle-ci sera rapidement étouffée par la gifle tonitruante de Johnny, humiliant définitivement notre Gilda. Gilda étant pourtant décidée à assumer plus que jamais sa réputation de cajoleuse, une cajoleuse qui aime vivre vite et enchainer les aventures. C'est en cela que Rita Hayworth fait penser au personnage de Juliette dans le célèbre film de Vadim, ou a celui de Monica Bellucci dans Malena. Trop belles pour vivre libres elles doivent se résoudre au sacrifice, à la solitude, si elle veulent avoir le respect de leur entourage. Juliette comme Gilda est d'un courage déconcertant, elle ose assumer son amour des hommes dans un monde ou on se méfie comme de la peste d'une femme à la séduction trop généreuse.

    Cependant, après ce moment terrible, sous les bons conseils du policier plutôt avertit, Farell réalisera que sa haine n'est que le revers de l'amour, et qu'il est temps d'enterrer la hache de guerre. Ils se retrouverons donc, Farell aussi délicat qu'il peut l'être, rompra avec cette chape de plomb qui pèse sur leur relation depuis ce qui parait être une éternité. Il réussira ainsi à récupérer sa Vamp excédée de chagrin avant qu'elle ne file pour New York le cœur serré et l'âme en peine. Alors que nos deux héros retrouvent la raison et la possibilité de se comprendre réellement, une apparition surprenante vient tout bouleverser. Mundson est debout, droit comme un piquet, une arme à la main, glaçant le sang de l'employé philosophe et de nos deux enflammés. Mundson explique alors avec un regard d'une colère froide qu'il avait disparu pour éviter de payer le prix cher de son acte, le meurtre. Il tentera de tuer Farell du fait de son amour mortel pour Gilda, mais se fera neutraliser par l'employé, sauveteur constant du vacarme affectif de nos personnages.

    Une fin que l'on peut trouver peut être un peu incongrue, trop tiède et convenue pour un film noir. La ravissante Gilda retrouve son premier amant pourtant auparavant impossible et d'une sauvagerie ténébreuse, le méchant mégalomane est abattu par l'ange gardien de la belle. Après tant de nœuds et de complexité dans l'intrigue, on tombe sur une fin aux allures de happy end bien étrange. On éprouve tout de même de la peine pour Mundson qui malgré un caractère rigide aimait probablement sincèrement Gilda. Le visage déchirant d'effroi de Gilda quand Mundson se fait tuer reste, on ne l'oublie pas, encore une sacrée performance de l'actrice.

    De ce film on retiendra surtout une beauté affolante et affolée, une structure aux allures d'énigme, un érotisme brulant qui se cache derrière une réalisation au charme classique mais pas exempt de richesse inventive.

     Nota Bene: -J'ai l'impression que certains films du 20ème siècle de Martin Scorsese sont inspirés de certains films noirs (dans l'enchaînement des scènes, les plans, la manière de filmer,l'esthétisme parfois) ça ne serait pas étonnant vu ses influences, à demander a un expert !

    -Je suis tombée sur un bon article qui expliquait bien le rapport ambigu entre Farell et Mundson, ça m'a éclairé sur certains points, j'ignorais l'hypothèse de la canne comme signe phallique, merci donc aux cinéphiles qui partagent leurs analyses! :)

     

     

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