• L'été meurtrier de Jean Becker (1983)

    ✭✭✭✭✰

    8/10


    L'été meurtrier de Jean Becker





    Synopsis: Une jeune femme nommée Éliane emménage en 1976 dans un village provençale avec son père
    paralysé avec qui elle entretient des rapports très complexes et sa mère avec qui elle est très
    proche. Éliane suscite vite la curiosité étant séduisante et aguicheuse, on lui octroi le surnom
    de "Elle" ou "Celle la", tandis que sa mère se fait surnommée Eva Braun du fait de ses origines
    allemandes.Dans ce même village réside également Florimond, mécanicien et pompier volontaire (d'ou le sur-nom de Pin Pon), il tombera sous son charme,
    les deux finiront ensemble. Éliane sera animée pendant tout le film par un désir ardant de vengeance
    vis à vis du viol de sa mère. Un des supposés violeur étant le père de Pin Pon, elle décide d'élaboré plan pour se venger et fait croire qu'elle est enceinte.
    Les deux se marient, seulement Éliane se rend compte qu'elle s'est trompée, l'histoire finit en drame.

    Ah, L'été meurtrier ! Un Drame qui ne laisse jamais indifférent, aimé ou abhorré, on ne peu pas lui enlever cette petite musique, cette tonalité si particulière que l'on peu percevoir dès le début du film avec la voix off de Pin Pon. Le début du film commence comme un conte, Pin Pon y raconte sa vie d'avant qui semble si monotone et linéaire, "Comme tout les dimanches...", une vie à la campagne avec des filles banales, un quotidien ordinaire, sans passion. Puis arrive cette tornade brune, Pin Pon devient graduellement obsédé par la fameuse "fille d'Eva Braun".  Il va apprendre peu à peu à apprivoiser la très instable Éliane et son caractère orageux, animal. La scène du restaurant est d'ailleurs aussi touchante que déstabilisante, c'est a ce moment là qu'un lien très fort ce crée entre les deux. Florimond est touché par les larmes de la jeune femme qui semble fragile comme une petite fille, il ne la comprend pas, mais c'est certainement pour ça qu'il l'aime. Éliane est singulière, odieuse et adorable en même temps.

    Ce film à pour moi définitivement un charme très français, la musique ne fait qu'un avec le film, les plans sont bien vus, il s'en dégage une atmosphère nostalgique qui participe à faire de ce film un classique. La chanson d'Yves Montand durant le mariage est un très bon choix, comme pour la fin d'ailleurs.  "Tout rêve rime avec s'achève Fini avant qu'il commence, Le temps d'une danse,L'espace d'un refrain. »..."un écho à la solitude infinie de Pin Pon à la fin du film mais aussi à la rapidité cruelle avec laquelle tout s'est détruit. C'est un film agréable à regarder, léger tout en étant grave, on ne l'oublie pas. L'humour y est savoureux tant grâce aux scènes cocasses qu'aux répliques. Les acteurs jouent des rôles auxquels ils correspondent totalement. Le jeu des acteurs est cohérent et réaliste, on retrouve l'ambiance de ses petits villages, avec son lot de mésaventures et de commérages. Le film doit aussi son succès au jeu d'Alain Souchon dans le rôle de Florimond, il y est en effet charmant et très naturel dans son jeu. Il a tout à fait saisit le côté désabusé du personnage, on voit également que l'alchimie Souchon-Adjani fonctionne très bien à l'écran.

    Le jeu d'Isabelle Adjani:

    Isabelle Adjani qui dégage de part sa beauté et sa voix suave une certaine innocence réussit à rentrer dans la peau de se personnage sulfureux, aux antipodes de l'image qu'elle renvoie. Elle excelle dans l'hystérie, dans l'obsession et dans la colère, elle donne du charme à la folie et de l'élégance à l'impertinence. Elle feigne la froideur avec des inflexions qui donnent à sa voix quelque chose de piquant et malicieux. Elle sait faire de sa voix un outil puissant... il en va de même dans Subway, on peut l'entendre lascive et provocante, nerveuse,haut perchée. Pourquoi Isabelle Adjani était un très bon choix pour ce rôle ? Parce que sans une certaine forme d'innocence et de mystère le personnage n'aurait pas eu la même attractivité. Une bad girl androgyne ou trop provocante n'aurait pas pu jouer se rôle, celle-ci aurait été trop premier degré, il faut au personnage d’Éliane une allure fragile qui malgré son excès ne dévoile pas tout tout de suite. Éliane est le feu sous la glace, elle émeut, elle est incomprise, mais il y a toujours une distance ineffable entre elle et les autres. Éliane est d'un côté tout le contraire d'Adjani dans se rapport de froideur qu'elle entretient avec son entourage, mais elle est définitivement Adjani dans sa complexité et son intensité.

    Adjani a su exploiter une facette de se personnage pour en faire le sien et l'apprivoiser, grâce à l'empathie pour laquelle elle fait preuve envers ses personnages. Elle a réussi à surpasser cette image de beauté lisse et fragile pour incarner une insolente, à être quelqu'un d'autre tout en restant elle même, c'est à dire dans la nuance et non pas dans la caricature. Elle semble faire preuve d'autodérision dans ce rôle, elle y est drôle dans son côté un peu garce. Isabelle Adjani a une fois de plus montré la grande actrice qu'elle est en choisissant se rôle risqué et en même temps si beau dans sa démesure, elle y est touchante comme personne.

    Le regard vif d'Isabelle Adjani, et la richesse de ses expressions faciales, en bref, son jeu en images:

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    L'été meurtrier de Jean Becker

    Quant à l'intrigue:  Si je suis totalement séduite par la forme que prend ce film, je suis un peu plus réservée sur l'intrigue. Je trouve que l'histoire du viol de la mère d’Éliane n'est pas assez aboutie, cet aspect pourtant central n'est pas assez  approfondi, la révélation du père d’Éliane à sa fille est, je trouve, assez incongrue (bien que cette scène soi très belle). J'aurais peu être préféré une autre tournure qui laisse le film aller encore plus loin dans la démesure d’Éliane. Je ne suis pas contre cette idée de vengeance qui va tout à fait à son personnage, on y voit la vison terrible qu’Éliane a des hommes, son intelligence redoutable quand il s'agit de manipuler son monde pour obtenir ce qu'elle veut. L'idée de l'amour intarissable dans le rapport mère-fille est touchante, mais peut-être aurait-elle pu être encore plus présente encore dans l'intrigue.

    Quant à la fin du film, je la trouve intéressante mais la pense un peu précipitée, que ce passe t-il après ce meurtre ? l'idée du meurtre que commet Florimond est une bonne idée, mais qu'advient-il de lui après? Le suspense peut être une bonne chose, mais une fin légèrement plus travaillée aurait été appréciable. En fin de compte, je vois ce film comme une grande histoire d'amour, aimer à la folie sa mère jusqu’à en tomber dans la névrose la plus radicale, aimer sa femme jusqu’à commettre le pire. Un drame qui remplit son rôle puisqu'il joue avec le désespoir et la folie de ses personnages, il laisse triste et songeur. L'été Meurtrier porte assurément bien son nom !

     

    Trois petites notes de musique, Yves Montand: https://www.youtube.com/watch?v=LrVy9Rim7jA

     

    Quelques liens:

     https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27%C3%89t%C3%A9_meurtrier_%28film%29

    http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=2102.html

    http://www.imdb.com/title/tt0086655/

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Becker

     

     

     

     

     

     

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